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30/04/2025Laudato Si’, 10 ans après

Sunset over a field of wild flowers in the summertime
Laudato Si’, 10 ans après : la maison brûle, mais tout reste possible…
Il y a dix ans, un homme a pris la plume pour parler au monde entier. Non pas en tant que chef spirituel, mais en tant qu’habitant de la Terre, inquiet du désastre annoncé. En mai 2015, le pape François publiait Laudato Si’, une encyclique percutante sous-titrée : « Sur la sauvegarde de la maison commune ». Ce texte dense, structuré et accessible, a été lu dans toutes les langues, dans tous les cercles de pouvoir. Il a même été salué par des scientifiques, des ONG, des économistes. Et pourtant, il est peu à peu retombé dans l’ombre.
Pourquoi y revenir aujourd’hui ? Parce que Laudato Si’ est sans doute l’un des textes les plus lucides et universels jamais écrits sur les enjeux écologiques, sociaux, politiques et économiques de notre époque. Il ne s’adresse pas aux croyants, mais à « chaque personne qui habite cette planète ». Il ne prêche pas, il alerte, propose, questionne.
Un cri d’alerte et un appel à la lucidité
Dès les premières pages, le diagnostic est posé : notre modèle de développement détruit les écosystèmes, fracture les sociétés et compromet l’avenir. L’expression choisie est forte : « la maison commune est en ruine ». François évoque les dérèglements climatiques, la perte de biodiversité, la culture du déchet, l’obsession de la croissance, la toute-puissance technologique, les inégalités criantes.
Il ne s’arrête pas au constat. Il démonte les logiques invisibles : celle d’un anthropocentrisme exacerbé, qui place l’homme au-dessus de tout, comme s’il pouvait exploiter sans limite une planète finie. Celle d’un système économique où le profit immédiat prime sur le long terme, où les plus pauvres paient le prix des excès des plus riches. Celle d’une déconnexion croissante entre l’homme et la nature, entre le court terme et l’avenir.
Des conseils d’une étonnante modernité
Ce texte n’est pas un manifeste pessimiste. Il est truffé de propositions concrètes et visionnaires. Il appelle à une écologie intégrale : une vision systémique, où l’environnement, l’économie, le social, le culturel et même le spirituel (au sens de l’intériorité) sont liés.
Parmi les messages clés :
- Le refus du gaspillage et de la surconsommation.
- Le besoin de politiques courageuses, de nouveaux indicateurs de richesse, de mécanismes de régulation mondiale.
- L’appel à la sobriété heureuse, à la beauté simple, au lien social retrouvé.
- La valorisation des initiatives locales, des communautés engagées, des jeunes qui inventent d’autres modèles.
- Le rôle des entreprises, mais aussi des citoyens dans la transition.
Et maintenant ? Où en sommes-nous ?
Dix ans ont passé. Certains gouvernements ont pris des mesures. Des citoyens se sont engagés. Des entreprises ont transformé leur modèle. Mais dans l’ensemble, l’accélération du dérèglement est nette, et l’écart entre les promesses et les actes reste béant.
La bonne nouvelle, c’est que toutes les solutions existent déjà : sobriété énergétique, circuits courts, écoconception, mobilité douce, agroécologie, économie circulaire, gouvernance partagée. Ce qu’il manque ? La volonté d’agir, à tous les niveaux.
C’est là qu’intervient une notion centrale : la responsabilité sociétale individuelle (RSI). Ne plus attendre les grandes lois, les normes, les COP. Se dire que chacun a un rôle. Que chaque geste compte. Que chaque action, aussi petite soit-elle, trace un sillon.
« Ambassadeur 2030 – 10 puissance 10 » : une réponse humaine et universelle
Face à la complexité du monde, Laudato Si’ nous invite à réhabiliter la simplicité, le lien, le bon sens. Dans cette veine, la charte Ambassadeur 2030 – 10 puissance 10 (https://www.agenceprimum.fr/10-puissance-10-la-responsabilite-societale-individuelle-rsi-accessible-a-tous/) est une réponse directe, pragmatique et mobilisatrice.
Elle part d’un pari simple : si chacun s’engage à convaincre 10 personnes de changer quelques habitudes, et que ces 10 en convainquent 10 autres, en 6 étapes, on atteint 50 millions de personnes. Pas besoin de religion, de frontière, de statut. C’est humain, profondément humain.
En 2015, François écrivait : « Tout est lié ». Il ne s’agissait pas d’un slogan. Mais d’un appel à reconnecter nos choix individuels aux grands équilibres du monde. Aujourd’hui, l’heure n’est plus au constat. Elle est à l’action.
Et si nous décidions, enfin, d’habiter cette planète comme une maison ? Une maison fragile, mais pleine de ressources. Une maison commune. Une maison à aimer, à protéger, à transmettre.
Olivier TOMA
Fondateur de Primum Non Nocere®