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04/07/2025L’empreinte hydrique : pourquoi l’or bleu est le nouvel indicateur clé de votre stratégie RSE

On pense souvent que l’eau coule de source. Qu’elle est là, pour toujours, en abondance. Et pourtant, au XXIe siècle, cette ressource que l’on croyait inépuisable est en train de devenir l’un des enjeux les plus critiques de notre époque. L’eau douce, pourtant vitale à toute forme de vie, devient chaque jour un peu plus rare, plus précieuse, plus convoitée.
Si le dioxyde de carbone est le thermomètre de la planète, alors l’eau en est le sang. Sans elle, rien ne circule, rien ne vit. Les terres s’assèchent, les tensions montent, les soins s’interrompent. Face à ce défi, un outil émerge comme essentiel pour passer de la prise de conscience à l’action : l’empreinte hydrique®. Un indicateur aussi stratégique que le bilan carbone, mais encore trop peu intégré dans les démarches RSE des organisations.
Une crise mondiale… qui frappe déjà à nos portes
Aujourd’hui, plus de 2,2 milliards de personnes n’ont pas accès à une eau potable salubre, selon les données les plus récentes de l’OMS et de l’UNICEF. Ce chiffre n’est pas seulement effarant, il est aussi révélateur de notre échec collectif à préserver l’or bleu. Ce manque d’accès à l’eau potable engendre chaque année plus de 500 000 morts, causés par des maladies hydriques évitables comme le choléra ou la typhoïde.
Dans plusieurs régions du monde, les tensions autour de l’eau se transforment en conflits ouverts. Le Nil, le Tigre, l’Euphrate, l’Indus… Autant de fleuves devenus lignes de fracture entre nations. Mais cette crise n’est pas qu’un problème de « pays du Sud ». En Europe aussi, les signaux d’alerte se multiplient.
En France, l’été 2023 a été particulièrement révélateur. Plus de 200 communes ont dû être approvisionnées en urgence par camions-citernes, faute de ressources suffisantes dans les nappes phréatiques. À Barcelone, la situation est allée encore plus loin : la ville, frappée par une sécheresse historique, a dû importer de l’eau par bateau depuis Marseille. Et à Perpignan, la désalinisation de l’eau de mer n’est plus un projet d’avenir mais une hypothèse de plus en plus sérieusement envisagée pour sécuriser l’approvisionnement d’ici 2030.
À cela s’ajoute un gaspillage silencieux, mais massif. En France, 20 % de l’eau potable est perdue dans les fuites du réseau, soit plus d’un milliard de mètres cubes chaque année. Cela représente un coût de plus d’un milliard d’euros, sans parler de l’énergie nécessaire au pompage, au traitement et au transport de cette eau perdue. Paradoxalement, nous payons ensuite des centaines de fois plus cher pour consommer de l’eau en bouteille, alors même que l’eau du robinet est sûre, bon marché, et infiniment moins polluante.
L’empreinte hydrique®, une boussole pour mieux décider
On ne pilote que ce que l’on mesure. C’est la règle de base de toute stratégie sérieuse. Pourtant, la majorité des organisations, y compris dans les secteurs les plus exposés comme la santé, n’ont aucune vision claire de leur impact réel sur la ressource en eau. L’empreinte hydrique vient combler ce vide.
Développé comme un outil complet et pédagogique, l’empreinte hydrique® permet de mesurer bien plus que la consommation visible : elle englobe également l’eau cachée, ou « eau virtuelle », celle qui est mobilisée tout au long des chaînes de production, souvent loin des regards.
La mesure s’organise en plusieurs « scopes », à l’image du bilan carbone. Les scopes 1 à 3 regroupent les usages directs : eau utilisée sur site pour les sanitaires, les processus de nettoyage, la stérilisation, ou encore les prestations externalisées comme la blanchisserie. Mais c’est surtout le scope 4, celui de l’eau virtuelle, qui bouleverse notre perception.
On découvre par exemple qu’il faut près de 2 700 litres d’eau pour fabriquer une simple blouse à usage unique. Que la synthèse de médicaments consomme des quantités massives d’eau pour le refroidissement et les réactions chimiques. Qu’un instrument chirurgical en acier inoxydable ou une seringue en plastique a nécessité, bien en amont, des centaines de litres d’eau dans les étapes d’extraction, de transformation, de transport.
Et au-delà de la quantité, il faut aussi interroger la qualité. C’est là qu’interviennent les scopes 5 et 6, qui évaluent les rejets : effluents liquides classiques d’un côté (détergents, désinfectants), résidus médicamenteux de l’autre. Ces derniers, encore très peu traités par les stations d’épuration, représentent une menace directe pour les milieux aquatiques. Et les hôpitaux comme les EHPAD ont ici un rôle majeur à jouer.
Un critère RSE de plus en plus différenciant
Certaines organisations ont déjà pris la mesure de cette urgence. Le groupe LVMH, par exemple, a intégré l’empreinte hydrique comme critère stratégique dans la gestion de ses filières agricoles, textiles et cosmétiques. Dans le secteur de la santé, l’Hôpital Privé Nord Parisien, à Sarcelles, s’est engagé à réduire de 20 % son empreinte hydrique d’ici 2030. L’hôpital de Cannes est déjà en pleine expérimentation sur le sujet actuellement. Ce type de démarche devient un levier de performance, de réputation et d’attractivité.
Car demain, patients, consommateurs et partenaires choisiront aussi en fonction de l’eau. Ils choisiront les établissements, les marques, les collectivités qui auront compris qu’agir pour l’eau, c’est protéger la vie.
Réduire nos émissions de CO₂ est un marathon que nous mènerons sur cinquante ans. Mais garantir l’accès à une eau propre, en quantité suffisante, est un sprint vital que nous devons gagner aujourd’hui. Sans eau, il n’y a ni santé, ni économie, ni société.
Ce n’est plus une option : c’est une responsabilité
Il est temps d’intégrer l’empreinte hydrique au cœur des stratégies RSE. Il est temps que les Agences de l’eau, les ARS, les Régions et l’État soutiennent activement ces démarches. En finançant des diagnostics. En généralisant les formations. En imposant une nouvelle rigueur dans la gestion d’une ressource qui conditionne tout.
L’outil « Empreinte hydrique » est prêt. Il est simple, rigoureux, pédagogique. Il permet de mesurer, de comparer, de prioriser, de réduire.
L’or bleu n’est pas un luxe. C’est notre bien commun. Le protéger, ce n’est pas faire du développement durable : c’est assurer la survie de nos enfants, de nos territoires, de nos organisations. L’empreinte hydrique, c’est le nouvel indicateur vital de la performance.
Olivier TOMA
Fondateur de Primum Non Nocere®